Ne vous êtes-vous jamais senti parfois comme étranger à vous-même ? Ne vous êtes-vous jamais interrogé sur qui vous étiez vraiment ? ou sur ce que vous laisserez après vous ? Comme ces questions existentielles parmi mille autres alimentent la philosophie, la religion, les arts, la politique, « être » un « être » humain est le sujet qui m’a toujours fasciné. Il y a deux fois « être ».
Il y a « être » en tant qu’action et « être » en tant qu’état : que sommes-nous dans l'univers ? que faisons-nous dans la vie qui nous distingue des autres êtres vivants ? Quelle est la force qui nous empêche de succomber à la barbarie pour faire civilisation ? C’est la question profonde de notre identité qui anime mon travail à travers « comment » et « pourquoi ».
La façon dont on s’embarque dans des logiques, dans des jugements me fascine : l’effet de groupe, voire l’effet de meute, cette nécessité de se conformer à un ordre, quitte à abandonner ses convictions pour rentrer dans le rang. Certes (et tant mieux) la pureté n’existe pas. Qui n’a jamais failli ?
Pour ma part, lorsque j’ai été graphiste, puis directeur artistique en agence web et en agence de communication, je me suis rendu complice de visions réifiant le monde.
En faisant de la publicité, j’ai cherché à capturer et à enchaîner les esprits. J’ai aidé des personnes dans cet appétit féroce, d'atteindre la réussite telle qu’on la définit aujourd’hui, au détriment de choses plus essentielles. Le monde de l’entreprise est un théâtre d’ombres où l’homme est un objet pour l’homme. Avoir créé ma propre entreprise n’a pas permis de créer d’autres rapports. Pire ! je me suis laissé placardiser et j’ai cédé la place à nouveau à ces vieilles logiques de domination.
Mon travail pictural tente modestement de trouver des contre-feux à ce que je crois être le puissant moteur de ces rapports humains : la peur. On se rassure par une logique : avoir… et avoir toujours plus. Que peut-on lui opposer ? Partager.
Albert Einstein disait « Il n’y a que deux façons de vivre sa vie : l’une en faisant comme si rien n’était un miracle, l’autre en faisant comme si tout était un miracle ». J’adhère à la pensée spinozienne que nous sommes ce miracle d’être une modalité dans une substance vaste qui est tout. Nous sommes un et plusieurs à la fois. La peinture est, pour moi, une manière de le décider.
Je le fais par l’abstraction ou à travers des scènes tirées du quotidien. Car pour moi Dieu, la nature ou la condition humaine se trouvent dans ce qui est grand comme dans ce qui est petit, dans l’anecdotique et le cosmique. « Être » est ce que l’univers fait à travers notre intimité.
Je veux peindre ce rapport aux autres et aux éléments sur lequel nous pouvons bâtir une bonne vie.
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